Climat tragique
Climat Tragique (Tragische Stimmung), 1910
Une artiste à l’origine du mouvement artistique expressionniste, Marianne von WEREFKIN, russe d’origine, est née en 1860 et décédée en 1938.
A partir de 1880, elle devient l’élève d’Ilya Repine, un des plus grands peintres réaliste de Russie. Quelques années plus tard, elle eut un accident de chasse au cours duquel elle se tira dans la main droiteavec laquelle elle peignait. Elle dû alors apprendre entièrement à se servir de sa main gauche pour peindre et écrire. En 1892, elle rencontra Alexi von Jawlensky. Installée à Munich, elle participa, avec ce dernier et Kandinsky, à la fondation de la Neue Künstler Vereinigung München (nouvelle association d’artistes de Munich) en 1909, puis à la fondation du Blaue Reiter (cavalier bleu), principalgroupe d’artistes expressionnistes avec die Brücke. Pendant près de dix ans, elle stoppa complètement de peindre.Elle commence alors son œuvre expressionniste et adopta ensuite le style de Paul Gauguin et Louis Anquetin. C’est alors pendant cette période qu’elle peint Climat Tragique (Tragische Stimmung ), un Tempera sur carton, de 48.5cm sur 60, qui est actuellement exposé au musée d’art moderned’Ascona.
Elle s’est inspirée de divers artistes populaires du moment et a ainsi suivi le mouvement expressionniste du début du XX° siècle.
A travers cette oeuvre, elle exprime ses sentiments à l’aide d’une multitude de couleurs, soulignant la tristesse du moment ressentie et pouvant être souvent assimilée à l’approche de la première guerre mondiale.
L’expressionnisme varie en fonction desauteurs, c’est pourquoi il est difficile de le discerner. Cependant, on peut remarquer quelques points communs : une forte utilisation de la couleur, qui n’essaye pas nécessairement d’imiter celles de la réalité et la volonté d’élaborer une peinture qui va s’avérer subjective et dépendante des goûts de la personne qui la regardera.
On remarquera tout d’abord la découpe du tableau, divisé en 3plans majeurs qui retracent la composition de l’image.
En arrière plan, un ciel violet pâle peu apparent, caché par des montagnes bleues. L’utilisation de bleu pour les montagnes marque un contraste violent avec le rouge vif du soleil. Le violet et le bleu expriment ici une atmosphère irréelle.
L’auteur a voulu exprimer des sentiments à travers l’utilisation du contraste de couleurs chaud/froid ;comme la joie en opposition à la tristesse, la vie face à la mort, …
Le deuxième plan, quant-à-lui, défini l’action qui se fait le long de la diagonale dessinée par le chemin beige. L’action est donc séparée en deux axes majeurs très contrastés : la femme, en premier plan, opposée à l’homme au second plan. Cette opposition est également mise en valeur par l’utilisation de couleurs assombriespour toute la partie de l’homme : les ténèbres de la nuit ont déjà approché le second plan, alors que la femme fait face à la lumière qui est devant elle. S’agit-il d’une lueur d’espoir?
Cependant, la dominance du rouge ici pourrait être rapprochée à la couleur de la lave ou du sang. Le fait d’utiliser massivement le rouge ici est bien entendu voulu et tend à représenter la douleur et le désastre dela séparation (thème de cette toile). La terre est le symbole de cette souffrance et représente l’étendu du désastre de cette séparation entre cet homme et cette femme. L’atmosphère est davantage pesante, jusqu’à créer un réel malaise. Ce sentiment est renforcé par le contraste de couleurs chaud/froid, mentionné plus haut. En effet, le ciel, gris, froid et bas dirige le regard directement versle rouge du sol, et puis finalement aux deux personnages. Le ciel agit comme une sorte de « couvercle ».
Le sujet de la toile est donc parfaitement mis en scène, grâce à une composition efficace : la femme au premier plan, sans visage, sans expression, qui tourne le dos à une maison devant laquelle on remarquera un homme qui semble attendre.
Ce que Marianne von Werefkin a voulu représenter…