Les principes d’autorité et de pouvoir

« Lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien et de personne, alors, c’est là en toute beauté et en toute jeunesse le début de latyrannie. »
Platon- La République

Affirmation de principe
L’autorité n’est pas quelque chose qu’on doit montrer, c’est quelque chose que les autres doivent voir. « Celui qui sait diriger ne donne pas d’ordre » Lao-Tseu.

Qu’est-ce qui est vu ?
Le collaborateur voit comment sa hiérarchie exerce sa fonction à travers son savoir, son expérience et sa qualité d’être. C’est à partirde cela, qu’il parvient ou pas à se situer à la place qui lui correspond en reconnaissant naturellement ou pas que quelqu’un se situe au-dessus de lui. C’est là une définition idéale de ce que signifie l’autorité naturelle.

Approche étymologique
L’autorité : étymologie : auctoritas, -tatis = capacité de faire croître ou grandir.

Nous reprenons à cet égard l’excellent exposé fait parJean Bastaire dans le journal Le Monde Diplomatique (l’autorité dans tous ses sens, Janvier 2003)

« Les mots “autorité” et “auteur” viennent du même verbe latin augere qui signifie augmenter, faire avancer. » L’autorité est donc liée à une activité créatrice, génésique »
Une capacité à faire croître, grandir.

« Elle puise sa légitimité dans sa fécondité… L’autorité n’est donc pas uncarcan ou un plâtre posé de l’extérieur mais une régulation intime… Avoir l’autorité sur quelque chose ou quelqu’un, c’est littéralement le faire vivre. Là se situe le danger d’une autorité mal comprise qui transforme l’animation en aliénation, la vivification en servitude. Elle est contagieuse.
Elle crée des créateurs… Loin de les paralyser et d’en faire des objets passifs, elle les constitue ensujets actifs, capables d’initiatives… Comme toute fécondité, elle s’oriente vers le don. Celui qui la retient la trahit, celui qui la capte la déshonore.”

L’autorité véritable est donc l’action de faire grandir, de faire croître et par extension de faire naître des créateurs.

Qu’est-ce qui réellement croît, grâce à l’autorité?
Le manager, au-delà de son savoir, tire son autorité desa capacité à faire croître ses collaborateurs, c’est-à-dire de faire en sorte qu’ils puissent exprimer d’une part leurs qualités intrinsèques qu’ils ignorent et d’autre part de dépasser les obstacles (peurs, doutes, manque de confiance en soi) qui les empêchent d’évoluer.
Ainsi l’autorité du manager fait naître chez ses collaborateurs une autorité sur eux-mêmes qui les fait progresser versune autonomie toujours plus grande.
On entend ici autonomie au sens (auto-nomos) de la loi sur soi.
Ainsi, le but ultime de l’exercice de l’autorité est d’amener effectivement celui sur qui elle s’exerce à savoir se faire (sa) loi (auto/nomos ). (Cf. Les différents degrés d’autonomie)

La loi sur soi permet de contenir le pire en soi et d’exprimer le meilleur de soi, le potentiel d’excellencepropre à chacun. Elle implique nécessairement une discipline de vie et une obéissance librement consentie au service des lois.

L’autorité, dans ce sens, est une reconnaissance octroyée par les collaborateurs qui se reconnaissent dans leur manager comme une voie d’évolution, comme une voie d’acquisition d’autonomie et de réalisation. Ne dit-on pas « faire autorité » ?…

Les conditionsd’une véritable autorité pour celui qui l’exerce.
L’autorité doit en premier déjà s’exercer sur soi-même.

« Comment pourrais-je gouverner autrui, qui moi-même gouverner ne saurais ?
[François Rabelais] Extrait de la Vie inestimable du grand Gargantua

Il s’agit d’apprendre à se contrôler, à s’améliorer en se maintenant dans une attitude éthique conforme aux finalités et aux valeurs qui…