L’oral à l’école primaire

Une recherche-action sur la communication orale au préscolaire et au primaire
par Jocelyne Cauchon et Ginette Plessis-Bélair

Des conseillères pédagogiques du primaire, auxquelles se sont ajoutées, l’année suivante, d’autres du préscolaire, provenant de différentes commissions scolaires1, ont décidé de se questionner sur la didactique de l’oral. Elles souhaitaient connaître les pratiquesactuelles des enseignantes et des enseignants du primaire et du préscolaire et réfléchir avec eux sur l’ajustement possible de leur pratique, en tenant compte des visées du programme d’études et des différentes populations d’élèves. Elles voulaient également planifier une formation qui serait proposée aux commissions scolaires participantes2. C’est à la suite de la lecture d’un article traitant del’oral réflexif3 qu’elles ont demandé à cette dernière4 d’agir à titre de consultante pour leur projet de recherche-action.
L’élaboration de cette recherche-action illustre le rôle majeur que jouent les conseillères pédagogiques comme intermédiaires entre la recherche et la pratique enseignante. Le Conseil supérieur de l’éducation avait déjà mis en avant cette orientation dans son rapport annuel(2004-2005)5 sur l’état et les besoins de l’éducation, en traitant de l’arrimage entre le milieu de la recherche et le monde de l’éducation dans des démarches de recherche-action ou de recherche collaborative.
Il s’agit d’un travail de collaboration riche des pratiques et des moyens dont chacun des partenaires dispose dans son propre contexte et qu’il partage avec les autres. Ainsi, la chercheurepense à l’état d’avancement du domaine, à ses dimensions les plus pertinentes, au questionnement des enseignantes et des enseignants, à la rigueur de la démarche méthodologique de recherche et à la diffusion subséquente des résultats. De leur côté, les conseillères pensent à leur rôle d’intermédiaire entre la recherche dans le domaine et les chercheurs qui s’y intéressent, le programme actuel deformation et ce qu’elles peuvent accumuler d’information dans le but d’aider les praticiens de leur commission scolaire. Quant aux enseignantes et aux enseignants, ils se montrent volontiers prêts à répondre à l’appel, à réfléchir et à cheminer lors des rencontres du groupe, à concevoir des applications liées aux contenus théoriques présentés, à faire de l’expérimentation dans leur classe et àpeaufiner leurs nouveaux outils.
Lors des échanges de groupe entre tous les participants à cette recherche, il est devenu rapidement clair que les enseignantes et les enseignants étaient particulièrement intéressés à réfléchir sur les liens entre la langue et la pensée, dans le contexte de la communication orale, comme outil d’enseignement et d’apprentissage. On sait qu’à l’heure actuelle, les chercheursdu domaine ont tendance à présenter la didactique de l’oral sous deux angles : l’oral comme objet d’étude et l’oral comme médium d’enseignement et d’apprentissage6. Ainsi, à la suite de quelques lectures et échanges et après avoir obtenu des précisions au sujet d’une vision d’ensemble de la langue parlée au Québec, le groupe s’est résolument consacré à l’étude de l’oral sous l’angle de sonutilisation comme outil au service de la pensée, dans un contexte d’oral réflexif.
La recherche s’achève et le groupe en est à considérer l’évaluation de l’oral sur les bases communes qu’il s’est données quant à ce volet du français. Les textes présentés ci-après constituent les principaux jalons sur lesquels il s’est appuyé, afin de cheminer vers une meilleure compréhension de la didactique de l’oralet de son application dans les classes.
Les textes de référence
Cette recherche place les besoins de formation des enseignants au premier plan. L’expérimentation en classe est toujours précédée de lectures et de discussions autour d’ouvrages spécialisés. Nous décrivons brièvement les textes consultés, en indiquant principalement les éléments retenus par le groupe dans sa démarche réflexive….