Place du mot dans l’oeuvre dada

Place du mot dans l’œuvre Dada
I) Les outils linguistiques utilisés par les Dadaïstes
*a) L*e jeu de mot
Les Dadaïstes s’emploient à exercer une destruction sur l’art et la pensée en générale. Cela s’applique donc au langage, si on considère la pensée comme assujettie aux mots. Ainsi, la pensée ne peut évoluer, elle est prisonnière du langage et c’est cela que certains Dadaïstesessayèrent de montrer à travers leurs œuvres. Nous étudierons ici l’utilisation des mots dans l’œuvre Dadaïste à travers plusieurs procédés couramment utilisés pas les artistes Dada, à savoir les calembours de Marcel Duchamp, le technique du collage de mot de Tristan Tzara et la place de l’écriture automatique chez les Dadaïstes.
Marcel Duchamp va toute sa vie s’employer à désacraliser l’art. C’estainsi qu’il apposera sur La Joconde de Vinci une moustache, avec son titre (placé sur l’image au lieu d’être sur le cadre de manière habituelle) : « L.H.O.O.Q ». Ce titre est en fait une figure de l’art avec lequel M. Duchamp joue avec les mots. Il assemble des lettres et en fait un assemblage incompréhensible au premier abord. Cependant, lorsque le spectateur prononce ces lettres, il se rend compteavec une certaine surprise que ces lettres forment une phrase. Cela a pour effet de provoquer le rire chez le spectateur. Duchamp dira en 1964 qu’il considère le titre comme une nouvelle couleur. Ici cela se vérifie car le tableau prend son sens uniquement si l’on lit le texte. En fait, grâce à ces quelques lettres, M. Duchamp atteint son but car il a réussi à désacraliser une figure emblématiquede l’art de la Renaissance. A travers ce collage et ce titre, il milite contre la fétichisation de l’art par le public.
De plus, M. Duchamp est l’auteur de nombreux calembours comme « Ruiner, uriner » ou encore « Eglise, exil ». En modifiant une seule lettre, M. Duchamp rapproche deux termes totalement opposés, opérant une déconstruction de la langue française. Il considère ici les lettres comme« matériau plastique ». M. Duchamp est également l’auteur de ce jeu de mot : « Un mot de Reine, des mots de reins ». Ici encore, il établi une analogie entre deux choses totalement opposées l’une de l’autre et s’approprie la grammaire française en la détournant.
*b) *Place du hasard
Dans l’œuvre Dadaïste, le hasard a toujours été d’une importance primordiale car c’est lui qui a été lemoteur principal de la création de nouveaux procédés chers aux artistes Dada. Ainsi, la technique du collage de mot, telle qu’elle est décrite par Tristan Tzara, consistait à découper des mots dans un journal et à les rassembler au hasard. Ainsi, il décrit cette technique en ces mots dans le Manifeste sur l’amour faible et l’amour amer en 1920 :
« Pour faire un poème dadaïste
Prenez un journalPrenez des ciseaux.
Choisissez dans ce journal un article ayant la longueur que vous comptez donner à votre poème.
Découpez l’article.
Découpez ensuite avec soin chacun des mots qui forment cet article et mettez-les dans un sac.
Agitez doucement.
Sortez ensuite chaque coupure l’une après l’autre.
Copiez consciencieusement
Dans l’ordre où elles ont quitté le sac.
Le poèmevous ressemblera. »
Cette technique s’apparente à l’écriture automatique, procédé utilisé par les Dadaïstes puis par les Surréaliste, dans le sens ou elle laisse une part importante au hasard. Cette pratique est inspirée des travaux de Sigmund Freud sur l’inconscient. Elle consiste à écrire le plus vite possible sans contrôle de la raison ; sans préoccupations esthétiques ou morales, voire sansaucun souci de cohérence grammaticale ou de respect de vocabulaire. L’état nécessaire à la bonne réalisation est un état de lâcher prise, entre le sommeil et le réveil. L’écriture automatique trouve un équivalent graphique dans la technique dite du frottage, inventée par Marc Ernst en 1925 : elle consiste à laisser courir une mine de crayon à papier sur une feuille posée sur une surface au…