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Pétrarque « je ne trouve la paix »
Structure: un huitain (deux quatrains) suivi d’un sizain (deux tercets).
La rime dans un sonnet italien n’est pas si normalisée que chez Shakespeare.
Ici ABBA ABBA CDE CDE. 12 syllabes par vers.
Le sujet est le cœur de l’amant.
Puisque la dame le dédaigne et ne l’accepte pas, il ne peut pas le trouver aussi valoreux qu’avant. Il veut même le banir! Pourempêcher une autre dame d’en profiter!!
Si sa dame ne le sécourira pas dans son exile, elle lui fait faute double: à l’auteur et encore plus à elle-même puisque le cœur l’aime davantage.
L’image du regard de la dame est utilisé souvent par Pétrarch, Shakespeare et Sidney. S’il se détourne, tout est perdu pour l’amant.

Paul SCARRON « vous faites voir des os … »
L’art du blason est l’art dedécrire une partie du corps, de la femme en particulier. Cette description se fait habituellement sur le mode élogieux (laudatif), et louer la beauté de l’anatomie est une manière pour le poète de louer toute la femme et d’exprimer, sur un mode souvent ludique, son amour.
Ici, Scarron renverse les règles, dans un anti-blason, la description des dents d’Hélène, pour lui déclarer toute sa haine.
Nousverrons comment dans cette forme courte du sonnet, Scarron détourne les poncifs poétiques pour peindre laideur et puanteur, dans un renversement des valeurs finalement très baroque.
Premier quatrain
La force du sonnet vient tout d’abord de sa forme adressée, la parole cible, la cible, c’est Hélène, personnage féminin mis en exergue de par la position en apostrophe de son nom en fin de vers 1.
Lethème de la dentition est introduit par le terme « os » et le rire. Déjà nous est évoqué non pas la jeunesse ou la fraîcheur de la femme, mais bien son lien à la mort. Le sonnet n’est cependant pas une vanité, nulle part l’évocation de la beauté et de la vie qui finiront vite, seules demeurent la mort et la laideur.
Le délabrement et la pourriture associés à l’image du cadavre se développent alors.Chacun de ses os, chacune de ses dents a un défaut : cette idée se construit sur une énumération « les uns », « les autres », ensuite regroupés dans une vérité qui s’applique à toutes les dents « tous ».
Scarron joue de plus sur la progression : il commence par évoquer des dents qui pourraient être correctes, elles sont entières, malheureusement leur pureté fait défaut. Accentuant encore l’idée dedélabrement, les autres ne sont plus entières, et même plus, elles ont atteint la plénitude de la non-pureté : « noirs comme de l’ébène », l’insistance sur la putréfaction des dents se faisant à travers la comparaison à la tournure redondante.
Nul « os » n’est épargné dans le vers 4 : « cariés et tremblants ».
Second quatrain
Le second quatrain reprend la situation d’énonciation qui correspond à unmoment où le poète est censé regarder Hélène rire : « que vous éclatez à vous rompre les flancs ». Scarron élargit alors la perspective pour nous dire les conséquences du rire sur cette dentition et renforcer sa critique de d’autres mentions corporelles peu flatteuses.
La décrépitude interne se double de sa manifestation externe : rejet des dents dans un rappel permanent de la pourriture : « ne tiennentqu’à peine », « déchaussés et sanglants ».
Nul besoin alors de fortes secousses pour en venir à bout : « votre seule haleine / peut […] ».
Scarron introduit également dans ce quatrain l’idée d’une certaine bestialité chez Hélène, qui sera reprise au second tercet : « vous éclatez à vous rompre les flancs [1]. Au délabrement s’associe le difforme, le monstrueux.
Premier tercet
Scarron se posealors en conseiller, en empruntant les traits amusés de la bienveillance :
tournures impératives « ne vous mêlez plus »
« fréquentez », « devenez »
« d’un si fidèle avis »
Ce qu’opère Scarron, c’est un rejet d’Hélène en dehors de la sphère mondaine, de la beauté et de la jeunesse pour l’associer à la sphère des vieillardes, des femmes plus âgées qui suivent les convois mortuaires. Il joue…