Faut-il s’éloigner de sa pensée conscience pour écrire de la poésie?

Depuis l’Antiquité, la poésie est une discipline très présente et considérée comme noble et céleste grâce à sa difficulté due à ses règles strictes, règles qui se sont estompées au fil du temps pour laisser place à des perspectives nouvelles. Nous pouvons par exemple citer le surréalisme et l’exercice de l’écriture automatique qui permettait aux poètes d’écrire en étant plongés dans un étatsecond, méthode plébiscité par Aragon. Nous pouvons alors nous demander si la lucidité est un frein à l’imagination. Pour ce faire nous observerons d’abord ce que peuvent apporter les sinuosités de l’inconscient avant de constater des pièges qu’elles présentent.

Tout d’abord, accéder à sa pensée inconsciente permet de découvrir un vaste éventail d’opportunités et de ne plus se limiter à sacondition d’être humain, régi et contraint en tout point par les carcans de la société, mais aussi par sa propre personne, puisque le corps aussi bien que l’intellect sont circonscrits. Ainsi, pour le poète, l’inconscient est une réserve d’images intarissable. Cela permet d’oser l’association d’images entre lesquelles ont ne trouve pas forcément de concordance, juste pour le plaisir de créer etd’innover. Certaines images crées ainsi révèlent une véritable rêverie poétique comme par exemple dans le poème « Les Fenêtres » de Stéphane Mallarmé, dans lequel on parle de galères d’or qui dorment sur un fleuve de pourpre et de parfums. Ou bien plus osé encore, avec une écrevisse clouée sur la porte d’un refuse dans « Le front couvert » de Paul Eluard. En premier lieu cela peut ne pas sembler poétiquemais l’image est tellement étonnante que l’on s’y grise et que l’on admet que la poésie peut s’étendre à l’écrevisse à partir du moment où l’on y trouve de l’audace.
En plus d’apporter un répertoire imagé qui ne connaît aucune restriction, l’inconscient permet au poète d’être conscient de ce qu’il est. Ce paradoxe cache une vérité; comme le disait si bien Sigmund Freud, « la conscience est laconséquence du renoncement aux pulsions », c’est-à-dire que nos actes manqués ainsi que nos pensées refoulées sont regroupés dans notre inconscient et donc que les laisser s’exprimer permet de mieux être conscient de ce que l’on pense réellement. Les associations d’idées de l’écriture automatique permettent ainsi de laisser libre cours à ce processus libre pour ainsi l’interpréter et se connaitreavec exactitude. Ce phénomène est illustré par Paul Verlaine avec « Mon rêve familier »; ce poème semble représenter quelqu’un qui peine à se rappeler une femme qu’il a vue en rêve mais certaines de ses caractéristiques l’ont marqué. On dirait le travail d’un amnésique, l’inconscient étant la partie du cerveau où la mémoire est la plus exacte, il narre sa lutte pour se rappeler d’une rêve exquis eten fait un poème rédempteur.
De plus, le poète atteint une essence au delà de ses goûts, de ses idées et de ses affinités et donc arrive à produire de manière instinctive et universelle, ce qui est le but recherché par moult artistes. C’est pour cela que les images utilisées lorsque l’inconscient s’exprime seront connues, de tous, les références employées seront simples et ont parlerad’entités supérieures aux hommes qui nourrissent les imaginations fertiles et permettent de nombreux débats. Par exemple, dans « Le rêve que j’ai fait » d’Honoré Harmand il est question de l’enfer et du théâtre où le genre humain exalte ses vices. Il aborde donc des thèmes de la vie de tous les jours auxquels chacun a été confronté et au sujet desquels tout le monde a déjà réfléchi. Ces sujets sont courantsmais pourtant lointains et mythiques; c’est irréel et donc encore une fois au dessus de l’homme. La poésie à partir de l’inconscient est donc simple mais aussi efficace; elle rassemble les hommes grâce à son accessibilité et est interactive puisque l’esprit critique et l’imagination du lecteur son sollicités.

Nous avons donc pu constater que le subconscient peut être utilisé comme un…