Nouvelle

Je marchais dans la ruelle qui me menait à ce qu’on appelait, la maison familiale. Papa était encore en train de battre maman ce soir. Je ne rentrerai pas chez moi avant demain matin. J’errais toute la nuit, seule. Ne voulant plus rester dans le noir absolu, je partis à la demeure de ma sœur. Comme d’habitude, elle était de mauvaise humeur. Elle me fit entrer avec mépris. Elle me posa desquestions sur le pourquoi de ma visite. Et comme toujours, je ne parlais pas. Oui je suis muette. Je ne peux pas parler comme vous, ou hurler. Si j’ai mal, j’encaisse. Je peux parler mais les gens ne comprennent pas. Je suis dans une bulle. Je ne peux constater que les dires des autres. Bref ma sœur, me pris avec elle toute la nuit. Le lendemain, de bonne heure, je traçais mon chemin. Je savais que jeserai punie pour avoir dormi ailleurs.
Je passais la porte. Il n’y avait personne, aucun bruit ni de cri. Je décidais de me déplacer, j’avançais lentement. Peut être avait il enfermé maman quelque part. Mon père buvait beaucoup trop. Je continuais ma quête, et ne trouvais personne dans toute la maison. Je ne savais pas où les trouver. Je suis redescendue dans la rue, et cherchais des yeux mesparents. Quand je rentrais le matin, souvent ils étaient encore en train de se quereller. Aujourd’hui, il y avait quelque chose de bizarre.
Je décidais, de partir dans ma ville natale, Hometown Glory comme je l’appelais. Je m’en allais de temps en temps et revenais quelques jours plus tard. Je n’avais pas le droit mais ce n’était pas non plus interdit. Les limites n’existant pas chez moi, je n’avaispas peur de me faire réprimander. Papa ne me touchait pas, et maman m’ignorait, elle m’adressait juste la parole quand elle voulait que j’aille lui acheter des clopes.
Quelques instants plus tard, je m’arrêtais pour m’acheter des roulées et des feuilles. J’étais stressée.
Arrivée à la gare, quelques feuilles en moins, je me décidais à entrer et regarder les horaires du train pour Amsterdam. Ilpassait dans une heure et demie. La chance était avec moi. J’attendais, sur le quai avec mes cigarettes. Une vieille dame se posa sur un banc juste en face de moi, elle était encore jolie, un peu classe, un peu vieux jeu, je ne la quittais plus des yeux. Elle avait un petit quelque chose qui faisait que je ne pouvais me concentrer que sur elle. Mon train arriva, quelques instants plus tard, jemontais, et lançais un dernier coup d’œil à cette dame.
Le trajet, je le fis dans le compartiment dernière classe, en vagabonde, sans tiquet. J’étais petite, je me cachais avec les bagages. Plusieurs heures passèrent et l’envie d’arriver dans cette ville m’envahissait. Il fallait que je rentre avant samedi. J’allais tout le temps à Amsterdam quand mes parents n’étaient pas à la maison.C’est-à-dire environ une fois tous les deux mois. Peut-être trois. Ils quittaient la ville pour aller faire le tour des brocantes environnantes pendant quelques jours. Ils ne voulaient pas de moi avec eux donc je partais. Je revenais quelques jours plus tard, comme si de rien n’était. J’aimais ça, partir là bas. C’était dans cette ville que je retrouvais la vie.
A peine descendue du train, qu’Etan, un amid’Amsterdam, m’enmena chez lui, pour une soirée en plein jour.
C’était un espèce de squat, avec plusieurs dizaine de punks, junkies et hippys qui y habitaient. J’entrais dans ce qu’ils appellent la cuisine. J’y restais quelques temps pour aider, puis je m’asseyais dans le salon avec Marie Jeanne dans la main. On m’aborda plus d’une fois, pour sniffer ou boire un verre. Je ne bois jamais et sniffeencore moins. Je me limite au hash, ce qui est suffisant, d’après moi. Du moins, c’est-ce que je pensais.
Je restais seule. J’aimais ça, être seule. J’épiais les gens. Certains m’intéressaient, d’autres moins. Mais je les ai tous regardé deux fois. Ou trois.
J’avançais en direction de Luna; J’avais eu son prénom d’après une fille qui la connaît plus ou moins qui était à cette soirée; Luna,…