Roman opalka

Peintre, dessinateur. Né en 1931 à Abbeville (France).

Roman Opalka est aujourd’hui l’un des artistes polonais les plus connus à l’étranger. Peintre et auteur d’installations hors du commun, envisageant d’une manière très particulière le thème de la « vanité », où les éléments visuels harmonisés (images et autoportraits photographiques) jouent un rôle aussi important que les éléments sonores(notamment, la voix de l’artiste lisant les chiffres figurés sur ses toiles).

Durant la IIe Guerre Mondiale, Opalka et sa famille résidaient en Allemagne. À la fin de la guerre, il put retourner en France, avant d’être rapatrié en Pologne l’année suivante. Il quitta de nouveau le pays en 1977. Depuis lors, Roman Opalka vit et travaille en France.

En 1949 et 1950, l’artiste a suivi les cours del’École Nationale Supérieure d’Arts Plastiques de Lodz (PWSSP à l’époque, désormais: ASP), puis il a poursuivi sa formation à l’Académie d’Arts Plastiques de Varsovie, de 1950 à 1956. Tout au long de ses études, et jusqu’en 1958, il réalisa des travaux personnels dans une veine réaliste (dessin et peinture). Puis, au tournant des années 50. il s’intéressa – comme beaucoup d’autres artistes – à la »peinture de la matière ».

Avec une intuition remarquable, il entreprit de créer des compositions monochromatiques, dont la facture frappait autant par son raffinement que par sa force d’expression. Parallèlement, Opalka se livrait à des recherches chromatiques dans une série de dessins abstraits. Par la répétition de monotypes, il y étudiait les gradations de couleurs progressivement blanchies.Dans d’autres dessins, à l’encre, il remplissait toute la surface par des combinaisons de figures géométriques et de leurs dérivés: caillebotis, formes rhomboïdales, etc. L’artiste interrompit ses recherches dans le domaine de la facture, afin d’explorer plus avant de telles combinaisons: elles dominèrent son activité artistique, générant plusieurs cycles de travaux à un rythme très tenu(CHRONOMY, 1961-63, puis FONEMATY, 1963-64, dans une convention bicolore gris-noir). Cette période ne fut pas univoque, puisque Roman Opalka y réalisa également ses premières toiles marquées par les lettres successives de l’alphabet grecque, dont les surfaces furent modelées en relief avec un large riflard (LAMBDA, KAPPA, KHI etc.). Les différents travaux de l’artiste sont alors déterminés par desfragmentations horizontales rigoureuses: ses installations (le cycle PODUSZKOWCE, par exemple, réalisé avec de la toile, des lattes et des plumes, 1963-64; ou INTEGRACJE / INTEGRATIONS, une composition en bois 1964-66), mais aussi ses œuvres graphiques, très appréciées et couronnées de maints prix (comme OPISANIE SWIATA / DESCRIPTION DU MONDE, 1968-70).

Toutes ces réalisations témoignent d’une périoded’expériences et d’expérimentations, de la recherche, pour Opalka, d’un langage artistique propre: il suffit de mentionner que la première exposition individuelle des œuvres de l’artiste n’eut lieu que 10 ans après la fin de ses études – en 1966. Et le moment d’une cristallisation artistique ne devait advenir qu’encore plus tard, au début de la décennie suivante. Opalka avait repris dans sontravail un principe élaboré en 1965, et ce principe y devint prédominant: celui de l’harmonie et de la systématisation permanente, selon « l’idée du comptage progressif « . Dès lors, chacun de ses dessins (DETALE / DETAILS, KARTKI Z PODROZY / CARTES DE VOYAGE) et chacune de ses toiles (OBRAZY LICZONE / TABLEAUX COMPTES) devient une notation linéaire des moments successifs du temps qui passe. Chaque »note » est faite avec du pigment blanc sur un espace de fond gris, lequel est à chaque fois éclairci d’un pour cent, jusqu’à parvenir à une note blanche sur fond blanc. Parallèlement, Opalka mène deux autres travaux: il récite, pour l’enregistrer sur un support audio, la succession des chiffres, et, simultanément, il commence à photographier son propre visage à intervalles réguliers. En exposition,…